L’attente d’un jour meilleur

20 janvier 2015

Nous sommes ou avons tous été confrontés à cette petite voix intérieure qui nous soulage ou nous console en nous disant qu’un jour tout ira bien ou mieux.
Pour certains, c’est sur le plan matériel concernant les finances ou l’abondance tant espérée…

Pour d’autres, sur le plan physique concernant un problème de santé qui s’éternise…

D’autres, sur le plan mental et des soucis, stress et angoisse dus aux pressions professionnelles…

Ou le plus souvent, un peu de tout à la fois.

Et pour certains qui ont mis le bonheur sur une réalisation sur le plan spirituel, cela concerne ces difficultés à trouver le calme intérieur, la satisfaction en toute chose et surtout de réaliser ce « moment présent » qui paraît encore appartenir au futur tellement cela paraît une entreprise à part entière !

Cette projection mentale de l’idée de trouver la paix et « le présent » dans le futur, est l’handicap même à la réalisation de celui-ci.

Il est évident que nous ne pouvons trouver « l’instant » si nous nous acharnons à le pratiquer avec la même habitude qu’une activité ordinaire avec une attente particulière, comme nous le ferions dans la vie de tous les jours.

Cet instant ne peut contenir d’attente, pas plus qu’il ne peut contenir d’intérêt à « être ».

C’est là toute la difficulté d’un désir d’obtention d’un état qui ne se trouve plus être un « état », mais un simple retour à l’espace naturel de la conscience.

Pour cela il nous faut apprendre à être sans attente et sans chercher à recevoir « en retour » dans nos actions quotidiennes. Parce que c’est toujours là le signe d’une tension d’un « je » compulsif qui empêche cette détente profonde de l’être.

Cela ne veut pas dire que nous restions passif face à la vie et aux raisons qui nous poussent à agir. Mais simplement de les faire en sachant que nous ne maîtrisons pas les circonstances et les résultats qui en résultent et que nous pouvons offrir nos actions au divin et à la vie en agissant pour le mieux sans chercher de contreparties soit disant légitimes de la vie en retour.

Nous ne pouvons malheureusement pas vivre ce moment présent si nous en cherchons quelconque intérêt ou même bénéfice !

Parce que cet espace est la simplicité même, notre réalité intemporelle est dépourvue de tout artifice et projection.

C’est justement ce point qui pose problème et qui renforce la difficulté de ce « mot » qui est devenu comme un objectif pour les athlètes spirituels ou les simples jardiniers de leur monde intérieur au vue des nombreux ouvrages tendance traitant spécifiquement de ce sujet comme « l’objet » ou « l’état » salvateur à toutes les souffrances de la vie.

A force, cela deviendrait même pour le mental un possible produit de consommation !

A de nombreux moments, nous vivons cet espace du moment présent, mais nous n’en prenons pas conscience parce que nous sommes justement dans la spontanéité de cet espace.

Après, prenant d’un seul coup conscience de cette paix intérieure, consciemment ou inconsciemment, cette prise de conscience même nous fait sortir de cet espace et nous ramène à un mental étriqué qui par sa propre nature divise et nous coupe de cet état d’unité.

Avez-vous remarqué que le mot attente est proche du mot attention ?

Le phénomène d’attention aurait-il un rôle à jouer dans cette tension qui nous éloignerait du moment présent ?

Pourtant non, puisque que c’est sur lui que s’appuie les actes complets et l’observation de notre monde intérieur qui mène à de profondes réalisations intérieures.

Et en même temps, cette attention est le point de départ à la tension qui fige la vision intérieure pour l’analyser, la diviser, créer une attente de celle-ci et arrêter la navigation dans le courant naturel de la conscience.

Vivre le moment présent ne veut pas dire être inconscient ou refuser de voir ce qui se passe ou même sombrer dans une profondeur inaccessible.

C’est un relâchement profond du mécanisme qui suit l’attention et lui permet de se mouvoir et de s’abandonner au mouvement pour ne devenir qu’un « avec »… Ensuite cette fusion unitaire avec « ce qui est » entraîne un « retrait », ou plutôt un éclaircissement du voile et une ouverture sur l’immuable espace en arrière plan qui a toujours été présent.

Notre véritable nature est aussi attentive, mais celle que nous connaissons est souvent une tension, une projection robotique sur tout ce qui bouge et ce qui nous entoure.

L’éveil a toujours été décrit comme un relâchement profond et une détente totale de toutes les parties de notre être.

Les êtres qui témoignent auraient comme point commun toujours ces mêmes conseils :

Pas d’attente, pas d’intérêt autre que « être », pas de projection ou de supposition. Juste être dans l’acceptation de ce qui est et de ce qui se présente et cela dans la confiance de notre éternité…

Nous ne pouvons pas attendre demain pour vivre aujourd’hui. Nous sommes dans la même situation que le poisson dans un lac qui meurt d’épuisement en cherchant partout de l’eau à boire.

Nous sommes déjà cette éternité ! Notre passé, notre futur ne sont que toujours un moment dans le présent… nous ne pouvons en aucune façon échapper au présent !

Par contre, quand arrêterons nous de nous battre et accepter de rendre les armes et capituler devant l’évident et patient appel de notre Source pourtant présente de toute éternité…

François Breton