L’éveil..vous avez dit l’éveil?

24 mai 2015

L’éveil… Ce mot est presque devenu une légende chez les chercheurs de vérité.
Mais que recouvre t-il exactement ? Est-ce une finalité ? Voire une acquisition de quelque chose de nouveau ?

Il n’est pourtant pas si éloigné de nous puisque notre propre nature est déjà « éveillée » par définition! Dans le sens où sa nature est pure lumière.

Se donner cet état comme objectif c’est courir à l’illusion puisque le « je », le « moi » qui aspire à cette expérience ne pourra jamais le réaliser.

Cet espace est d’une profondeur infinie sans identification possible.

Insondable pour la conscience perceptive… et pourtant état naturel pour la conscience primordiale! 

Comprenons avant tout que tout vit, se meut et existe par la conscience primordiale et à travers la conscience primordiale.

Cette conscience primordiale est de la même nature que ce que nous appelons notre conscience individuelle.

Ce qui signifie que ce n’est pas la conscience qui est dans le corps mais le corps qui est dans la conscience.

Cette compréhension est importante puisque c’est à travers cette prise de conscience que peut être dépassée l’illusion de la forme.

L’éveil n’est pas un état. Il est l’espace dans lequel se crée et se transforme des impressions et des suggestions auxquelles s’identifie une partie de la conscience. Et de là naissent ce que l’on appelle des états…la colère, la fatigue, la joie, la peine..

Ceux-là sont ensuite jugés agréables ou non selon la qualité d’appréciation de notre mental et de nos conditionnements.

Nous pourrions dire qu’une réalisation de l’espace d’éveil est une dissolution de la conscience perceptive identifiée, dans l’espace impersonnel de l’être.

C’est une réalisation de l’impersonnalité. De ce fait, notre petit « moi » n’a malheureusement pour lui rien à voir là-dedans !

Donc il ne s’est rien passé, rien n’a été acquis. Il y a simplement un « voilage » conditionné de la conscience qui s’est retiré et a révélé ce qui a toujours été là.

Depuis la nuit des temps, beaucoup de pratiques et de techniques ont été utilisées pour permettre cette réalisation.

Des pratiques basées sur une connaissance profonde des mécanismes intérieurs (« jnana »), d’autres sur la dévotion (« bhakti »), certaines sur l’action désintéressée (« karma yoga »), etc.

Toutes ont pour but de révéler cet espace en transcendant cette petite couche de nuages mentale et  émotionnelle dans laquelle nous nous absorbons, sans même nous imaginer qu’il y a autre chose.

Je pense que si dès tout jeune cette réalité nous était apprise et que de petits exercices simples étaient pratiqués à l’école le matin, notre société serait un exemple de paix et de cohérence vis à vis de la vie en général.

Pour mieux comprendre, prenons une analogie avec l’air et l’espace extérieur:

Nous sentons que nous nous déplaçons dans l’espace et pourtant nous ne pouvons pas le voir!

Nous pouvons l’appréhender simplement grâce aux objets et aux formes qui vivent dans cet espace, ainsi que certaines sensations que nous pouvons ressentir.

Si nous retirions tout objet et toute forme de cet espace, il y a de fortes chances qu’il ne soit pas reconnu en tant qu’espace puisque ce mot ne peut exister qu’en complément de la forme.

Il en est indissociable d’elle. Autrement dit, sans la forme il n’y aurait rien qui puisse être appréhendé.

C’est un petit peu ce qui se passe dans l’espace d’éveil, il ne peut être reconnu que quand la conscience témoin est encore observatrice des phénomènes. Mais quand celle-ci se dissout, ne serait-ce que trois secondes, il n’existe plus rien. C’est le vide profond et imperturbable du Soi.

Et pourtant nous sentons qu’un autre « moi » est présent et a toujours été là. Un moi qui apparaît être le « Moi » de la vie, celui de la conscience universelle.

Cette expérience ne peut pas être provoquée, sa réalisation peut être parfois progressive, parfois spontanée. Dans l’expérience de nombreux chercheurs, le voile se dérobe et la pleine conscience paraît être réalisée…mais très souvent cela ne dure pas.

Pour une véritable stabilisation de l’être dans cet espace, certaines réalisations intérieures apparaissent souvent indispensables. 

Cet espace est une étape de réalisation dans l’évolution du chemin de la conscience.

Renversons les choses, et exprimons-nous ainsi :

Nous pensons que nous inspirons et expirons de l’air…mais si c’était l’air qui nous inspire et nous expire ?

Nous pensons que nous pensons…mais si c’étaient les pensées qui pensent à travers nous ?

Pouvez-vous vous empêcher de respirer ? De penser ?

A priori non puisque nous avons l’air de vivre à travers des mécanismes interdépendants que nous ne maîtrisons pas naturellement.

Bien que cela ne se passe pas comme ça au niveau de l’expérience personnelle, cela peut souvent être perçu ainsi dans l’expérience impersonnelle de l’être.

Donc, qui vit réellement, est-ce nous ? Ou les phénomènes à travers nous ?

Essayez de ne pas respirer pendant 6 minutes… essayez de ne pas penser pendant 6 minutes…

Pour vivre cette expérience d’éveil, il faut apprendre à se détendre profondément et à s’élargir dans la paix en soi-même, parce que cette expérience ne peut pas se traduire par des mots.

Cela voudrait dire qu’il faut être intelligent et comprendre les choses pour les vivre. C’est d’ailleurs souvent le contraire dans l’expérience. Moins on cherche à comprendre, à analyser, plus la détente peut se faire sans condition.

C’est souvent pour cela que les personnes dites « trop mentales » ont du mal à se laisser aller et à vivre les choses de la vie même simplement.

Cela ne peut se faire que si l’on a confiance dans cet abandon à soi et si on accepte de lâcher ce à quoi on s’agrippe toute la journée et qui nous donne illusoirement l’impression d’exister.

Mais peut-on vraiment lâcher quelque chose que l’on ignore tenir ?

Je vous laisse réfléchir à cette dernière question… sa réponse peut vous offrir une réelle profondeur de compréhension, et suite à celle-ci, aboutira sans aucun doute «l’Expérience »…

François Breton